NOTRE HISTOIRE 

 

Créée en 1989, l’association des Ateliers d’Artistes de Belleville (Les AAB) est née de la volonté des artistes de s’inscrire collectivement dans le paysage urbain et de sauvegarder les lieux de création. 

 

La cour Ramponeau pendant la 5e édition des Portes Ouvertes (Ph. Yves Breton) (1994)


Belleville, terre d’accueil des artistes

 

À la fin des années 70, Belleville est un quartier populaire au paysage contrasté, entre bâti ancien en mauvais état, opérations de rénovation urbaine et terrains vagues : un paysage dont témoignent par exemple les photos de François-Xavier Bouchart ou d’Henri Guérard.

 

Une première vague d’artistes, parisiens pour la plupart, s’y installe. Ils occupent d’anciens locaux artisanaux ou industriels qu’ils transforment en lieux de création, s’investissent dans la vie du quartier et se regroupent bientôt en collectifs et en associations.

 

Les Portes Ouvertes d’ateliers, un nouveau rendez-vous

 

Portes Ouvertes 1997 (Ph. JP Connan)

En janvier 1990, trois sculpteurs, Miki Tica, Christian Guillemin et Éric Théret se réunissent dans l’atelier de ce dernier, dans la cour du 48 rue Ramponeau (20e), et envisagent la création d’une association d’artistes et celle des Portes Ouvertes :

« Avec Christian nous avons fait un même constat : beaucoup d’ateliers étaient menacés de disparition et nous, jeunes artistes de 31 ans, n’avions que peu montré notre travail et souhaitions voir la réaction du public. »

– Éric Théret (premier secrétaire de l’association)

En mai 1990 se tient la première édition des « Portes Ouvertes des Ateliers d’Artistes de Belleville ». Il s’agit de défendre les ateliers, de s’ouvrir au public, et de créer des ponts entre les expressions culturelles. C’est un succès immédiat : l’adhésion du public est forte, le relai médiatique est important, les « Portes Ouvertes » deviennent un rendez-vous à Belleville ainsi qu’un modèle qui s’exportera en France et à travers le monde. Elles sont également la partie visible d’un réseau d’artistes qui se structure.

 

Défense des lieux de création, la sauvegarde d’un patrimoine

 

À partir de 1989, la municipalité entreprend une politique de rénovation de l’îlot Ramponeau-Belleville qui vise la démolition de la quasi-totalité du bâti. Habitants et artistes vont alors se mobiliser : la lutte contre le projet s’organise, emmenée par l’association « la Bellevilleuse ».

À ses côtés, les AAB œuvrent pour la défense des lieux de création. Cette première mobilisation mènera à une victoire en 1998 : 80% des immeubles sont sauvés et les habitants relogés en totalité.

Manifestation contre la ZAC Ramponeau-Belleville en 1994 (Ph. André Lejarre)


Par la suite, d’autres luttes contre les destructions permettront la sauvegarde de lieux devenus emblématiques du quartier tels que « la Forge », ancienne usine transformée en ateliers (aujourd’hui « Villa Belleville ») ou la « Maison de Casque d’Or » (où la vraie Casque d’Or se réfugia, et qui sert de décor au film de Jacques Becker) qui sera ouverte au public avec son jardin tous les ans pendant les Portes Ouvertes.

L’engagement des AAB pour la défense du patrimoine et pour la création d’ateliers est toujours d’actualité : les récentes mobilisations autour du 48 Ramponeau (depuis 2015), contre la privatisation de la Maison de l’Air (depuis 2017), pour la préservation de Sainthe-Marthe comme quartier populaire d’art et d’artisanat (depuis 2018), en témoignent.

Belleville quartier d’artistes

 

Suite au succès des Portes Ouvertes des Ateliers d’Artistes de Belleville, une deuxième vague d’artistes s’installe à Belleville dans les années 90 : les plasticien·ne·s viennent rejoindre un territoire désormais médiatisé comme terre de création et trouvent leur place dans un écosystème qui leur convient. 

Le nombre des membres des AAB augmente fortement. Parallèlement, de nombreux squats artistiques apparaissent.

 

 

Au fil des ans, le quartier de Belleville est transformé et attire artistes, acteurs du milieu culturel, créatifs, mais aussi investisseurs et projets immobiliers. Les artistes citoyens sont maintenant confrontés à une éviction économique, un effet pervers de leur action au fil des ans : ils revendiquent leur place dans la cité, et s’interrogent sur le rôle qu’ils doivent y tenir.

« Les AAB invitent, en juin 2004, les collectifs d’artistes de la capitale à venir réfléchir sur leur rôle, via les Portes Ouvertes, dans les quartiers, dans la ville et dans les politiques urbaines ».

– Sophie Gravereau, Sociologie de l’Art (2012)

Aujourd’hui, après l’installation de nombreuses galeries, une reconnaissance de Belleville sur la scène street-art internationale, l’arrivée de créateurs et d’artisans (les premières « journées de l’artisanat à Belleville » se sont tenues en 2016), Belleville est plus que jamais le berceau d’une vie artistique intense : les Portes Ouvertes des Ateliers d’Artistes en sont une vitrine, elles sont aussi un lien structurant depuis plus de 30 ans.

 

Les Artistes dans la ville

 

Arrivés dans un quartier riche d’une histoire populaire multiculturelle et contestataire forte dans laquelle ils se sont reconnus, les artistes ont adopté Belleville… et réciproquement.

Hélène Courvoisier, Animus, danse (Ph. DR)


En s’impliquant pour la défense et la valorisation de leur quartier, en ouvrant leurs portes à tous, ils ont su créer des dynamiques culturelles et un paysage particulier qui font aujourd’hui la réputation de Belleville.

 

Aujourd’hui l’association rassemble plus de 250 artistes et collectifs actifs dans tous les champs des arts visuels, de toutes générations, aux sensibilités diverses, mais qui œuvrent ensemble et s’inscrivent dans leur environnement : ils ne sont pas « basés à Belleville », mais entretiennent un rapport citoyen avec leur quartier, et défendent la place de l’artiste dans la cité.

 

Au fil de l’année, ils proposent expositions, ateliers d’arts plastiques, événements et projets artistiques, échanges, et tous les ans au printemps, ils organisent les Portes Ouvertes des Ateliers…

 

Les Affiches des Portes Ouvertes depuis 1990