À partir d’une longue série à l’acrylique et à l’encre sur le thème du chemin, la peinture de Claude Vergé a évolué vers l’abstraction.

Etudiante en arts plastiques, elle aimait les vidéos de Bill Viola et les peintures du Quattrocento. Dans les deux cas, la tension temporelle d’un avènement ou d’un geste.

Le choix de ses formats, triptyques ou trilogies, traduit son appropriation du concept de déroulement, dans l’espace et dans le temps. Dans cette modernité, elle réinvestit une forme d’origine sacrée.

On retrouve dans ses peintures une tension de la matière, une diffraction, une montée, un arrachement (triptyque rouge) ou une élévation plus sereine : dans « le triptyque bleu » (acrylique sur toile, 2019, 100 x 200 cm) des visions de déchaînement de forces naturelles où le figuratif se déchire, le ciel et la terre semblent alors se dissoudre et fusionner en vagues d’écume débordant le panneau central vers les volets latéraux.

Il y a de la fureur silencieuse dans l’œuvre de Claude Vergé.

Cette maîtrise de forces contraires évite un chaotique magma de matière et de couleurs, pour aboutir à un équilibre où tous les éléments et fulgurations gardent leur puissance.

Au-delà des classements de l’art, rappelant tantôt les lumières de Turner, tantôt les paysages tourmentés d’August Strindberg, l’œuvre de Claude Vergé est libre, personnelle et pleinement contemporaine.

Claude Vergé est née en 1966 à Paris. A 15 ans, elle est reçue au concours de l’Ecole d’arts appliqués Olivier de Serres, puis elle poursuit ses études de Cinéma Audiovisuel et Sciences du Langage à l’Université. En 1991, elle intègre l’équipe des sonorisatrices du New Morning. En 1996, elle s’initie à la pratique du Tai Chi Chuan, qui prendra au côté de la peinture et de la musique, une place essentielle dans sa vie.