Texte de Cécile Dufay

A travers ses céramiques, Viou Blot concilie, avec beaucoup de réserve et quelquefois avec violence, la part d’enfance et la part animale, le sexe et la mort, la mère et la sorcière, les mondes visibles et invisibles.

Viou Blot cultive le mystère, la sérénité, les mondes intérieurs et la complexité. Elle tente de concilier, avec beaucoup de réserve et quelquefois avec violence — comme on s’énerve sur un problème insoluble — la part d’enfance et la part animale, le sexe et la mort, la mère et la sorcière, les mondes visibles et invisibles. Retourne nos visions trop tranchées, trop faciles, trop unilatérales, trop intellectualisées, au point que ses toiles peuvent être vues à l’endroit comme à l’envers.

La sensualité des céramiques, le travail délicat mais pas «léché» de la terre, se concentre sur l’évocation d’un mouvement, la suggestion d’un caractère et l’allusion à la fragilité résistante des êtres, leur part inaliénable de douceur.

A contrario, la profusion des narrations mêlées, partielles, mélange personnel de contes, légendes, mythes et références visuelles et culturelles, s’allie dans ses toiles et œuvres sur papier à la jouissance manifeste des couleurs toujours riches, complexes, profondes et vibrantes, parfois pastel mais le plus souvent sombres.

Viou Blot n’est pas un artiste de plein soleil, elle aime les demi-teintes des aubes et des soirs. Les promesses magiques des débuts et les mélancolies magnifiques des fins. La beauté qui résulte de ces alliages ressemble à une sagesse ancestrale, symbolique, mais surtout immémoriale. Un culte animiste plongé dans l’art contemporain.