Fanny GOSSE
Elizaveta KONOVALOVA
Rebecca TOPAKIAN
Exposition satellite de la Biennale de l’Image Tangible
Du 8 au 18 novembre 2018
Du mercredi au dimanche de 14h à 20h
Vernissage le samedi 10 novembre à 18h
Galerie des AAB, 1 rue Francis Picabia, 75020 Paris (M° Couronnes)
La Biennale de l’Image Tangible se propose de présenter, durant deux mois de programmation d’expositions et d’événements situés dans le 20e arrondissement de Paris, une sélection d’œuvres qui tendent à s’émanciper d’un usage classique du médium photographique.
En s’affranchissant de règles précédemment admises, les œuvres sélectionnées participent directement à un élargissement du champ de leur discipline. Que ce soit à la recherche de nouveaux supports, de techniques hybrides ou bien même d’un nouveau rapport à la réalité, il s’agira de démontrer dans ces expositions que la photographie ne cesse jamais d’inventer.
Loin de s’éteindre avec le numérique, c’est au contraire le début d’une nouvelle histoire que cette Biennale entend soutenir et diffuser.
FANNY GOSSE
Née en 1975. Vit et travaille à Bagnolet. A étudié aux Beaux-arts de Toulouse, puis maîtrise de philosophie de l’art. (facebook.com/fannygosse.art/)
Écho, 2017-2018. Photographies encadrées retravaillées au crayon, à l’acrylique, et à l’encre. 40 x 60 cm (55 x 75 cm encadrées)
« Écho est une série basée sur le souvenir – ou plutôt sur la déformation, l’interprétation, voire même l’invention d’un souvenir. Au départ, j’utilise une photo vernaculaire que j’agrandis. Photo retraçant un événement, des personnages, un lieu que j’ai connus mais qui peuvent également m’avoir simplement été contés. Je pars de cette base photographique pour « retravailler » le souvenir. L’embellir ou le torturer, le déformer, lui recréer un environnement, afin non pas qu’il disparaisse, mais qu’il laisse une trace différente. Un peu à la manière de l’écho qui vient de loin, traverse le temps mais sonne presque imperceptiblement différemment à chaque répétition.
Il s’agit ici de traiter la non-objectivité de la transmission, donc de l’histoire de chacun.
Je retravaille ces photos à l’acrylique qui, appliquée par couches successives permet une transparence (donc de faire apparaitre les choses cachées), au crayon et à l’encre de chine. »
ELIZAVETA KONOVALOVA
Née en 1986. Vit et travaille à Paris et Moscou. Diplômée de l’Ecole des Beaux-Arts de Paris. Représentée par la galerie Maubert (Paris). (elizavetakonovalova.com)
San Francisco, 2016-2017. Photographie, 190 x 250 cm (composée de 15 feuilles 50×60 cm et 5 feuilles 15×50 cm). Installation sonore, banc, 50 x 60 x 190 cm.
Ce projet traite de la connexion entre deux villes situées sur les rives opposées du Pacifique : Vladivostok et San Francisco. Le jumelage survient pour la première fois en 1959, lorsque Nikita Khrouchtchev, fasciné par l’Amérique après son premier voyage, déclare que Vladivostok deviendra un jour le deuxième San Francisco. Depuis, l’aspiration vers l’autre rive hante l’imaginaire des habitants. Ce fantasme s’estompe avec l’urbanisme soviétique. Cependant, l’image de San-Francisco revit et s’inscrit dans le paysage de Vladivostok avec le pont Roussky, érigé en 2012, rappelant instantanément le célèbre Bay Bridge. Paradoxalement, la vue la plus recherchée du pont s’ouvre depuis le parking à moitié en friche. « San Francisco » cherche à définir l’esprit du lieu dans ce face à face, où les deux paysages – le proche et le lointain – coexistent et se contredisent en même temps. L’élément central de l’installation est la prise de vue, réalisée par un garage transformé en sténopé – la vue « carte postale » produite par l’envers du décor.
REBECCA TOPAKIAN
Née en 1989. Vit et travaille à Paris. Diplômée de l’école nationale supérieure de photographie d’Arles en 2015. (rebeccatopakian.fr)
Dame Gulizar and other love stories, 2018. Photographies 30 x 40cm et 60 x 70cm (tirages pigmentaires sur papier Hahnemuhle encadrés), 120x140cm (tirages jet d’encre sur papier semigloss). Pierres obsidiennes.
Pour Dame Gulizar and Other Love Stories, Rebecca Topakian prend pour point de départ l’unique histoire transmise de sa famille arménienne, qui vivait en Turquie avant que son grand-père émigre en France. L’amour de ses arrières-grands-parents – Garabed et Gulizar – interdit par leurs parents, jusque l’enlèvement de Gulizar par Garabed, venu la chercher sur son cheval. Ce récit presque mythologique l’a amenée en Arménie, où elle confronte une vision romantique et fictionnelle de la mère patrie à une imagerie très contemporaine de l’Arménie. Les paysages comme les portraits d’hommes arméniens parlent de désir : celui d’une Gulizar moderne qui, plutôt que kidnappée par son amant, devient sujet désirant dans le contexte d’une société patriarcale ; mais aussi un désir d’identité, qui s’exprime dans la recherche de traits typiques et familiers. En empruntant à différents registres photographiques – snapshot, documentaire, portrait studio ou photographie de l’intime – qu’elle mêle dans un accrochage constellaire à des photos de famille qu’elle a tirées sur des pierres locales ramassées lors de ses déambulations, elle offre un portrait intime et impressionniste de l’Arménie d’aujourd’hui.Programme de la Biennale de l’Image Tangible : http://bit20.paris/