Émergence
Nordine Hamza, Richard Letellier, Richard Rudat
Exposition du jeudi 2 au dimanche 12 novembre 2023
Ouvert du jeudi au dimanche de 14h à 19h
Vernissage samedi 4 novembre à partir de 17h
Galerie des AAB, 1 rue Picabia, Paris 20e (plan)
Nous sommes trois artistes différents (un Nordine et deux Richard), trois singularités avec une même approche, une même curiosité pratique, artistique, esthétique : la main agit, l’œil regarde, l’âme vibre, la main agit…
Moins centrée sur le tableau à réussir, notre approche se situe bien plutôt dans l’élaboration même – le processus d’émergence du tableau en lien avec une certaine sensibilité vitale.
Qu’importe l’image finale, elle n’est plus un but en soi – ce qui implique un renoncement assumé au recours à toutes règles de métier, à tout ce qui peut garantir une certaine forme de réussite picturale.
Il s’agit de se laisser guider par la seule poésie visuelle, coup de pinceau après coup de pinceau.
Il s’agit de maintenir tout au long du processus créatif une curiosité émotionnelle vivante pour ce qui émerge.
Là est notre seul engagement.
La magie du tableau qui se révèle ainsi, se situe dans l’émotion qu’elle suscite et qui fascine le peintre.
En présentant notre travail, nous voulons témoigner de l’appétence pour ce processus de créativité que partagent tous les artistes, dans la relation intime – parfois non consciente – avec leur art.
Nordine Hamza
J’aime aussi la peinture parce qu’elle sèche. Et quand elle sèche, elle se transforme. Elle est vivante.
Et quand on rentre chez soi, c’est un peu comme si l’on retrouvait une amie, une compagne. Quelqu’un que l’on est heureux de retrouver. A qui l’on pense dans le métro, et au café, et en marchant.
J’ai regardé cet après-midi les tableaux de Klimt. Question de la reproduction de la réalité, de la copie, de l’invention.
Trois tableaux m’entourent à cette heure et juste au moment où je me suis mis à la fenêtre, quelques gouttes sont tombées. Un voisin fume une cigarette blonde.
Richard Letellier
Il n’y a pas si longtemps que ça que je peins, que je me laisse aller aux surprises que nous offre la peinture. Cette expérience de découverte je la dois à l’atelier du peintre Olivier Wahl pour l’association « le temps de peindre ».
La peinture il faut la laisser cheminer, elle nous prend par la main, par les yeux, par nos passions, par notre accueil essentiel.
C’est pour ça que souvent on se sent léger à peindre…
Le même mouvement m’anime quand je dessine, quand le dessin vient vers moi. Là, les formes du Monde sont plus présentes il me semble, pour ce que je réalise à ce jour en tous cas.
Salut à vous qui regardez et qui prendrez un tout autre itinéraire que le mien, que je ne saurai retrouver du reste : nul petits cailloux bien sages de petit Poucet égrainés dans la promenade en forêt de la peinture…
Richard Rudat
Peindre comme une promenade. Chaque pas compte pour lui-même. Nulle impatience, personne n’est pressé d’arriver.
Chaque coup de pinceau possède ainsi une présence naturelle : celle des vagues qui roulent mais ne suivent aucun dessein, celle des branches qui dansent mais ne construisent rien – c’est toujours le souffle du vent, venant de nulle part, partout à la fois.
Plus le peintre s’efface derrière son geste, moins il trahit l’image qui apparaît. Celle-ci se révèle alors progressivement, coup de pinceau après coup de pinceau.
Les paysages qui apparaissent alors ne sont pas des imitations de paysages. Ce sont d’authentiques paysages en soi, dotés de charges émotionnelles.
Ces « paysages-climats », anatomie de formes et de fluides, de valeurs, et de teintes, de mouvements et d’immobilité, de rythmes et de textures, émanent de tout un jeux de tensions poétiques entre leurs composantes visuelles que déposent les coups du pinceau, patiemment, pas à pas.