Désir de Formes
Françoise LAURENT-MONIER / Patrick MONIER / Nobuko MURAKAMI
Exposition du 10 au 20 novembre 2016
Ouvert du jeudi au dimanche de 14h à 20h
Vernissage jeudi 10 novembre à partir de 18h
Galerie des AAB
1 rue Francis Picabia, 75020 Paris
(M° Couronnes)
Les pratiques artistiques peuvent être complémentaires si leurs démarches différentes et leurs histoires individuelles s’additionnent.
L’art peut ainsi se nourrir de matières et de formes multiples si les pulsions, qui animent chaque univers, sont partagées.
Cette rosace – appelée MITSUDOMOE au Japon – prise comme symbole des dynamiques formelles de ces trois artistes, peut s’interpréter comme le lien qui se dégage entre les espaces, les volumes et les images présentées.
Avec leur identité propre, ces pratiques conduisent les trois artistes à la même recherche. Que se cache derrière l’apparent ? Quelle résonance saisir dans les plis et replis d’une installation « origamique » ? Quelle écoute donner au langage de papier ? Quel ressenti avoir devant ces « formes en bois sculptées » organiques et viscérales ? Enfin, quelle couleur donner au « noir et blanc » du dialogue silencieux saisi entre un sculpteur et son œuvre ?
Mais finalement pour nous tous, cette soif du Désir de Formes, n’est-elle pas simplement vitale ?
Nobuko Murakami
« Les sédiments sur notre planète sont à la fois témoins de l’histoire et producteurs de la création. C’est à partir du mélange des éléments du cosmos que jaillissent d’innombrables espèces sur notre planète. Dans le Japon de mon enfance, quand la terre tremblait sous mes pieds, ou ébranlait ma maison, j’ai perçu l’absolue puissance de la Nature. Quand je vois un brin d’herbe pousser dans une fissure de l’asphalte, j’aperçois la créativité infatigable de l’Univers. Ces sédiments passent à travers moi, mouvements et décantations. La créativité de la planète passe à travers mes pieds, mes yeux, mes mains…et mon travail »
Patrick Monier
« Résultat d’un acte solitaire et réfléchi, la photographie est un moyen de révéler le réel et de se dévoiler. Explorer la richesse binaire du noir et blanc en utilisant la mécanique argentique et les processus chimiques de révélation permet d’aller à l’essentiel sans céder à la simplification. L’importance du geste s’ajoute au rendu d’une image dont les clairs-obscurs offrent une belle profondeur, quand l’épaisseur du papier baryté permet une plus grande liberté dans les effets de matière. Parvenir à capter l’instant d’un filet de lumière dans son apesanteur, utiliser la lenteur pour figer l’intemporel : la photographie est un moyen de forger peu à peu son regard. Mon travail s’inscrit dans une démarche heuristique que Pierre Soulage évoque en disant : « c’est ce que je fais qui m’apprend ce que je cherche ».
Françoise Laurent-Monier
« Quand je sculpte, je me coule dans le monde organique du vivant, par la répétition d’un geste gorgé d’un plaisir que je prétends toujours vouloir retrouver ».
On est libre en sculpture ; et on ne l’est plus au bout d’un moment. Quelque chose d’autre vous emmène, vous entraîne, accompagné de plus ou moins d’effort, de colère et de joie vers cette vie qui danse à l’intérieur de soi. Mon travail exprime mon attirance pour le déploiement de la liane, de la racine : j’aime leurs enchevêtrements, leurs obstinations à s’enrouler sur elles-mêmes. Elles fouillent, cherchent, s’éreintent à puiser, avec régularité et continuité, l’énergie créatrice et morbide du tissu qui abrite le principe vital.