CAMEO 

 EXPOSITION D’Ania Khazina 

Du jeudi 5 au dimanche 15 septembre 2024

Ouvert du jeudi au dimanche de 14h à 19h

Vernissage ‬:‬‭ jeudi 5 septembre à partir de 18h30

Galerie des AAB, 1 rue Francis Picabia, Paris 20e

(🚇 Couronnes) (plan

 

Le monde doit ralentir, — voici ce que dit Ania Khazina, parisienne de 30 ans d’origine russe qui présente sa première série de tableaux travaillés entre 2022 et 2024.

 

Neuf peintures de grand format sont pour la plupart des portraits, de petites scènes dont le sujet est difficile à saisir. Situées dans un espace anonyme – une ville, un bar, le siège arrière d’une voiture — un environnement reconnaissable, elles montrent souvent des personnes dans des moments intermédiaires. Les tableaux montrent rarement les yeux des protagonistes: souvent ils détournent leur regard, non seulement du spectateur mais aussi des choses majeures, tels que le soleil, un concert ou un orateur. Parfois, leur attention est portée sur quelque chose à l’intérieur d’eux-mêmes plutôt que hors de la toile. La composition et le contraste entre les verts, les bleus et les jaunes fluorescents avec le rouge foncé, le noir et le violet transmettent une sensation de malaise, semblable à l’angoisse des tableaux de Munch et au sens dl’aliénation dans les tableaux Hopper. On est dans un instant rempli d’une véritable et profonde ambivalence.

 

Ces scènes ne nous expliquent rien, elles se déroulent en périphérie d’un récit. C’est précisément l’objectif de cette série : montrer quelque chose qui ne peut pas être considéré comme important dans notre quotidien où se mettre sous les projecteurs est une partie nécessaire de la lutte permanente pour être quelqu’un et prouver quelque chose. Ces scènes ne sont pas “instagrammables” et sont trop complexes pour être expliquées – elles se situent entre le point culminant et la fin de l’histoire, en dehors de la narration. Est-ce une rupture ou simplement deux personnes qui ont des émotions compliquées l’une envers l’autre ? Personne n’est gagnant et tout le monde est capté dans sa vulnérabilité. Le spectateur et l’artiste ici sont des voyeurs, pénétrant dans l’intimité solitaire des personnages.

 

Un choix délibéré de grand format qui permet à l’artiste de montrer les personnages à l’échelle humaine et de partager leur tristesse comme s’ils étaient présents dans la salle. La peinture acrylique permet d’ajouter du volume et de retravailler le tableau de manière extensive, ajoutant autant de couches supplémentaires aux peintures (et donc, à l’« histoire »). Les lignes sont floues et la peinture coule et vit sa propre vie — comme si c’était un souvenir flou, une scène « vu de la pare-brise par un jour de pluie ».

 

Ania elle-même est présente dans certaines de ses œuvres, et elle ne nie pas qu’elles sont parfois inspirées par certains événements de sa vie et des micro-scènes qu’elle a observées et vécues, même si au final aucune n’est peinte d’après nature . « J’aime cette idée d’être un caméo dans ta propre vie. Un instant tu es au centre d’une fête et l’instant suivant tu éteins ton énergie et tu deviens observateur, sans participer activement à l’événement. Cela concerne aussi le fait d’être une femme : peut-on être forte mais en même temps ne pas être la personne la plus bruyante de la salle, peut-on posséder une sorte de… soft power ».

 

Créées à partir de l’expérience unique de l’artiste-émigrée en Europe, vivant le drame de la guerre à travers l’écran de son portable, traversant des relations personnelles et faisant des choix de vie, les œuvres créent un espace de fragilité partagée, où chaque image est un miroir.

Alexandra Khazina

 

Portfolio d’Ania Khazina

 

 

Quelques œuvres