Résultat d’un acte, réfléchi ou impulsif, la photographie, par  un simple geste, est un moyen de révéler un réel et, en même temps, un moyen donné au photographe de se dévoiler.

Pour explorer la richesse binaire du noir et blanc, j’utilise toujours un appareil mécanique de prise de vues et suis fidèle au processus de révélation gélatino-argentique qui permet, encore, d’aller à l’essentiel sans céder à la simplification. A l’importance du geste s’ajoute celle accordée au rendu d’une image dévoilée sur le papier baryté, quand les clairs-obscurs vous offrent leur belle liberté et vous donnent accès à leurs effets de matière.

Parvenir à capter l’instant d’un filet de lumière dans son apesanteur, utiliser la lenteur pour fixer l’intemporel, la photographie est un vrai moyen de forger peu à peu son regard. Mon travail s’inscrit dans une démarche heuristique que Pierre Soulage évoque en disant : « c’est ce que je fais qui m’apprend ce que je cherche ».