Zukhra SHARIPOVA

Peinture, Dessin, Photographie, Installation


Zukhra SHARIPOVA


Artiste plasticienne d’origine ouzbek, je suis née et ai passé mon enfance en Ouzbékistan. Mon goût pour les arts plastiques m’a amenée à me passionner très tôt dans ce domaine et à l’étudier en Ouzbékistan d’abord, puis en Angleterre et en France.

Mon travail porte avant tout sur l’émigration, l’immigration, la construction et la reconstruction de l’identité. Je transmets dans mon art cette thématique en lien direct avec mon histoire personnelle. J’exprime l’impact de ce déracinement sur la personnalité, la culture et l’éducation acquise initialement dans le pays d’origine. L’adoption de nouvelles valeurs, l’adaptation à un nouveau rythme de vie, l’apprentissage de nouveaux standards créent une dualité forte.

Parfois complémentaire, parfois destructrice, cette mutation agit sur l’identité propre de la personne l’obligeant soit à intégrer les deux cultures soit aucune.

Le retour dans mon pays d’origine après des dizaines d’années d’absence a soulevé en moi de nombreuses questions.

Ces personnes que l’on a laissé tant d’années et que nous retrouvons collent-elles au souvenir que nous en avions ? Cette absence a-t-elle modifié les relations avec nos familles et nos proches ?

Le moi que j’ai laissé à mon départ est-il le même aujourd’hui ?

Via différentes séries artistiques, je retrace mon parcours ainsi que celui de milliers d’autres accueillis sur une terre qui n’est pas la leur mais qui le devient.

 

Galerie


 Je retourne enfin dans mon pays natal, l'Ouzbékistan, après 12 années d’absence. Au bout de 12 longues années d’attente. Ce pays qui a été ma réalité, je l’ai tant rêvé, tant imaginé. Malgré cela, j’ai retrouvé ma famille et mes amis tels que je les avais laissés. Auprès d’eux, je me suis remémoré tant de belles choses de ma vie d’avant que j'ai eu l'impression que rien n'avait changé. Comme si ces 12 années de coupure n'avaient jamais existé. J'ai profité de chaque instant avec tant d’envie, tant de frénésie. J’aurais fait pâlir un assoiffé en plein désert tant je brulais d’impatience. Mais derrière ce rideau de bonheur, j'ai commencé à voir à quel point la vie était aussi devenue dure. Revenue en France, j'ai débuté cette série de photos-peintures sur un papier toilé, qui exprime le bonheur d’une jeunesse sans troubles dans un monde encore inaltéré. La solitude de jeunes femmes promises à un mariage faste mais dont les attentes se retrouvent souvent déçues. L’angoisse de ces femmes qui entretiennent une vie d’éclat auprès des autres mais qui de retour dans leur foyer sont abandonnées à leur sort. Le temps qui passe et que nous traversons négligemment qui avance en silence. Nourrissant regret, souffrance et désespoir. Photographie et peinture à l'huile sur papier toilé.  Format 50x70 cm

Je retourne enfin dans mon pays natal, l'Ouzbékistan, après 12 années d’absence. Au bout de 12 longues années d’attente. Ce pays qui a été ma réalité, je l’ai tant rêvé, tant imaginé. Malgré cela, j’ai retrouvé ma famille et mes amis tels que je les avais laissés. Auprès d’eux, je me suis remémoré tant de belles choses de ma vie d’avant que j'ai eu l'impression que rien n'avait changé. Comme si ces 12 années de coupure n'avaient jamais existé. J'ai profité de chaque instant avec tant d’envie, tant de frénésie. J’aurais fait pâlir un assoiffé en plein désert tant je brulais d’impatience. Mais derrière ce rideau de bonheur, j'ai commencé à voir à quel point la vie était aussi devenue dure. Revenue en France, j'ai débuté cette série de photos-peintures sur un papier toilé, qui exprime le bonheur d’une jeunesse sans troubles dans un monde encore inaltéré. La solitude de jeunes femmes promises à un mariage faste mais dont les attentes se retrouvent souvent déçues. L’angoisse de ces femmes qui entretiennent une vie d’éclat auprès des autres mais qui de retour dans leur foyer sont abandonnées à leur sort. Le temps qui passe et que nous traversons négligemment qui avance en silence. Nourrissant regret, souffrance et désespoir. Photographie et peinture à l'huile sur papier toilé. Format 50x70 cm

 Je retourne enfin dans mon pays natal, l'Ouzbékistan, après 12 années d’absence. Au bout de 12 longues années d’attente. Ce pays qui a été ma réalité, je l’ai tant rêvé, tant imaginé. Malgré cela, j’ai retrouvé ma famille et mes amis tels que je les avais laissés. Auprès d’eux, je me suis remémoré tant de belles choses de ma vie d’avant que j'ai eu l'impression que rien n'avait changé. Comme si ces 12 années de coupure n'avaient jamais existé. J'ai profité de chaque instant avec tant d’envie, tant de frénésie. J’aurais fait pâlir un assoiffé en plein désert tant je brulais d’impatience. Mais derrière ce rideau de bonheur, j'ai commencé à voir à quel point la vie était aussi devenue dure. Revenue en France, j'ai débuté cette série de photos-peintures sur un papier toilé, qui exprime le bonheur d’une jeunesse sans troubles dans un monde encore inaltéré. La solitude de jeunes femmes promises à un mariage faste mais dont les attentes se retrouvent souvent déçues. L’angoisse de ces femmes qui entretiennent une vie d’éclat auprès des autres mais qui de retour dans leur foyer sont abandonnées à leur sort. Le temps qui passe et que nous traversons négligemment qui avance en silence. Nourrissant regret, souffrance et désespoir. Photographie et peinture à l'huile sur papier toilé.  Format 50x70 cm

Je retourne enfin dans mon pays natal, l'Ouzbékistan, après 12 années d’absence. Au bout de 12 longues années d’attente. Ce pays qui a été ma réalité, je l’ai tant rêvé, tant imaginé. Malgré cela, j’ai retrouvé ma famille et mes amis tels que je les avais laissés. Auprès d’eux, je me suis remémoré tant de belles choses de ma vie d’avant que j'ai eu l'impression que rien n'avait changé. Comme si ces 12 années de coupure n'avaient jamais existé. J'ai profité de chaque instant avec tant d’envie, tant de frénésie. J’aurais fait pâlir un assoiffé en plein désert tant je brulais d’impatience. Mais derrière ce rideau de bonheur, j'ai commencé à voir à quel point la vie était aussi devenue dure. Revenue en France, j'ai débuté cette série de photos-peintures sur un papier toilé, qui exprime le bonheur d’une jeunesse sans troubles dans un monde encore inaltéré. La solitude de jeunes femmes promises à un mariage faste mais dont les attentes se retrouvent souvent déçues. L’angoisse de ces femmes qui entretiennent une vie d’éclat auprès des autres mais qui de retour dans leur foyer sont abandonnées à leur sort. Le temps qui passe et que nous traversons négligemment qui avance en silence. Nourrissant regret, souffrance et désespoir. Photographie et peinture à l'huile sur papier toilé. Format 50x70 cm

En quête de survie. Le départ ... Quitter son pays, pourquoi…? Sans jamais pouvoir y retourner, je pense que je n’aurais jamais choisi ce chemin si c’était moi qui avais dû prendre cette décision, tout en sachant que je ne regrette pas d’être venue.  L’arrivée..pour chaque personne c’est différent, pour moi c’est sept heures de vol à peu près, ma mère, son visage inquiet. Avec deux valises et trois grandes boîtes remplies de toiles et des dessins. Je revois mon père pour la première fois depuis trois ans. Il est changé, c’est toujours mon père, mais en même temps un étranger que je vois pour la première fois. Il nous attend avec un taxi : la ville, je l’avais imaginée autrement.   J’ai fait cette œuvre en hommage à mon père et son courage. A cet homme fort qui a encaissé les coups que la vie lui a réservé mais qui a su patiemment attendre son heure pour renaître tel un Phénix. Peinture à l'acrylique et feutre sur toile sur châssis. Format 100x80 cm.��

En quête de survie. Le départ ... Quitter son pays, pourquoi…? Sans jamais pouvoir y retourner, je pense que je n’aurais jamais choisi ce chemin si c’était moi qui avais dû prendre cette décision, tout en sachant que je ne regrette pas d’être venue. L’arrivée..pour chaque personne c’est différent, pour moi c’est sept heures de vol à peu près, ma mère, son visage inquiet. Avec deux valises et trois grandes boîtes remplies de toiles et des dessins. Je revois mon père pour la première fois depuis trois ans. Il est changé, c’est toujours mon père, mais en même temps un étranger que je vois pour la première fois. Il nous attend avec un taxi : la ville, je l’avais imaginée autrement. J’ai fait cette œuvre en hommage à mon père et son courage. A cet homme fort qui a encaissé les coups que la vie lui a réservé mais qui a su patiemment attendre son heure pour renaître tel un Phénix. Peinture à l'acrylique et feutre sur toile sur châssis. Format 100x80 cm.��

MA VIE QUOTIDIENNE  En attendant une nouvelle identité, en attendant de découvrir ce que sera mon avenir, j’ai noté, j’ai dessiné, j’ai raconté mon quotidien  pour conserver le plus fidèlement possible les traces de mon passé et mon présent…Encre de chine sur papier.  Format 25x42 cm

MA VIE QUOTIDIENNE En attendant une nouvelle identité, en attendant de découvrir ce que sera mon avenir, j’ai noté, j’ai dessiné, j’ai raconté mon quotidien pour conserver le plus fidèlement possible les traces de mon passé et mon présent…Encre de chine sur papier. Format 25x42 cm

Les PORTES, les PORTRAITS.Des portes closes, par centaines, chacune respectant le code couleur de son étage. Derrière ces portes, des vies, des gens, des histoires cachées. Lors de ma démarche photographique au CADA (Centre d’Accueil de Demandeurs d’Asile) d’Osny (95), les gens étaient tellement renfermés, qu’ils ne voulaient pas discuter avec moi. Mon projet photographique initial était de suivre, partager, illustrer ces étrangers loin de leur pays et logés dans ces centres d’accueil. Comprendre leur vie, leurs racines, la construction de leur nouvelle identité, leur processus d’adaptation. Or les portes se refermaient les unes après les autres. Était-ce par crainte, par lassitude d’avoir dû partager de trop nombreuses fois leurs histoires ? Toujours est-il que je restais chaque fois seule devant ces porte closes. Certaines ne m'ouvrait même pas leur portes. Mais je ressentais leur présences. J'entendais des petits bruits, chuchotements, conversations au téléphone en langues étrangères, la télé, etc... Je réalisais alors que ces portes me disaient beaucoup à propos de ces gens qui vivaient derrière, tels que leur portraits, leur identités. Vue de la série entière, 100 portes, avec installation sonore. Format de chaque image imprimée sur papier mat A4 . Dimension totale de l’installation 210x293 cm

Les PORTES, les PORTRAITS.Des portes closes, par centaines, chacune respectant le code couleur de son étage. Derrière ces portes, des vies, des gens, des histoires cachées. Lors de ma démarche photographique au CADA (Centre d’Accueil de Demandeurs d’Asile) d’Osny (95), les gens étaient tellement renfermés, qu’ils ne voulaient pas discuter avec moi. Mon projet photographique initial était de suivre, partager, illustrer ces étrangers loin de leur pays et logés dans ces centres d’accueil. Comprendre leur vie, leurs racines, la construction de leur nouvelle identité, leur processus d’adaptation. Or les portes se refermaient les unes après les autres. Était-ce par crainte, par lassitude d’avoir dû partager de trop nombreuses fois leurs histoires ? Toujours est-il que je restais chaque fois seule devant ces porte closes. Certaines ne m'ouvrait même pas leur portes. Mais je ressentais leur présences. J'entendais des petits bruits, chuchotements, conversations au téléphone en langues étrangères, la télé, etc... Je réalisais alors que ces portes me disaient beaucoup à propos de ces gens qui vivaient derrière, tels que leur portraits, leur identités. Vue de la série entière, 100 portes, avec installation sonore. Format de chaque image imprimée sur papier mat A4 . Dimension totale de l’installation 210x293 cm

Portraits administratifs. u’est ce qui fait de nous un être                    « acceptable » dans la société ?  Avoir des papiers en règle est une condition indispensable à notre intégration. La quête d’identité passe avant toute chose par l’obtention de papiers d’identité. Avec cette série j'ai voulu montrer l’autre visage d’une personne. Ce qui fait d’un nouvel arrivé, une personne apte à s’intégrer et vivre normalement. S’inclure dans la société. Ces portraits représentent avant tout une personne, une personne migrante, une personne réfugiée, une vie. Ce papier signé, tamponné, validé, adossé à sa photographie lui donne le droit d’Etre et d’Exister dans cette nouvelle terre d’accueil. Pourquoi utiliser la peinture ?  La photo reste un outil technique. Un document scanné reste juste un papier imprimé. Alors que sa mutation à la peinture transforme le statut d'un document administratif à un en œuvre d'art et lui donne plus d’importance et de présence. L'existence du document devient plus forte.  J'ai agrandi les dimensions du document pour accentué davantage son importance vitale. La peinture est réalisée sur un papier toilé, pour garder la fragilité du document et du statut. Peinture à l’huile sur papier spécial effet toile. Format 50x67 cm.

Portraits administratifs. u’est ce qui fait de nous un être « acceptable » dans la société ? Avoir des papiers en règle est une condition indispensable à notre intégration. La quête d’identité passe avant toute chose par l’obtention de papiers d’identité. Avec cette série j'ai voulu montrer l’autre visage d’une personne. Ce qui fait d’un nouvel arrivé, une personne apte à s’intégrer et vivre normalement. S’inclure dans la société. Ces portraits représentent avant tout une personne, une personne migrante, une personne réfugiée, une vie. Ce papier signé, tamponné, validé, adossé à sa photographie lui donne le droit d’Etre et d’Exister dans cette nouvelle terre d’accueil. Pourquoi utiliser la peinture ? La photo reste un outil technique. Un document scanné reste juste un papier imprimé. Alors que sa mutation à la peinture transforme le statut d'un document administratif à un en œuvre d'art et lui donne plus d’importance et de présence. L'existence du document devient plus forte. J'ai agrandi les dimensions du document pour accentué davantage son importance vitale. La peinture est réalisée sur un papier toilé, pour garder la fragilité du document et du statut. Peinture à l’huile sur papier spécial effet toile. Format 50x67 cm.

La SEPARATION. Dans ma culture, la grenade représente la famille, la vie, l’amour. Ce fruit très courant en Ouzbékistan est un symbole artistique fort d’unité représenté dans de nombreuses œuvres de mon pays. Ne sachant décrire correctement la douleur de la séparation avec mes mots, j’ai réalisé cette installation/sculpture pour l’exprimer. L’œuvre met en lumière la séparation du noyau de ma famille (mes parents, ma sœur et moi) du reste de ma famille restée en Ouzbékistan. Les fils montrent le lien qui existe et qui persiste mais qui se tend puis s’effile. Installation / Sculpture. Une planche en bois, les fils avec les grenades.   Format 110x100

La SEPARATION. Dans ma culture, la grenade représente la famille, la vie, l’amour. Ce fruit très courant en Ouzbékistan est un symbole artistique fort d’unité représenté dans de nombreuses œuvres de mon pays. Ne sachant décrire correctement la douleur de la séparation avec mes mots, j’ai réalisé cette installation/sculpture pour l’exprimer. L’œuvre met en lumière la séparation du noyau de ma famille (mes parents, ma sœur et moi) du reste de ma famille restée en Ouzbékistan. Les fils montrent le lien qui existe et qui persiste mais qui se tend puis s’effile. Installation / Sculpture. Une planche en bois, les fils avec les grenades. Format 110x100

SOLD OUT  A notre arrivée en France en 2009, nous avons bénéficié d’un hébergement au C.A.D.A. Peu après notre arrivée, j’ai entendu des pleurs et des cris au rez-de-chaussée. Dans le hall d'entrée, une famille de 5 enfants se faisait virer du CADA du jour au lendemain. Je me souviens que l'aîné avait mon âge, 18 ans. J'imaginais me retrouver à sa place. Rien que cette pensée me terrifiait. Une autre fois, à l'accueil toujours, une famille avec un nouveau-né dans les bras était venue désespérée. Ils ne comprenaient pas pourquoi leur place d'hébergement leur avait été refusée alors qu'ils avaient obtenu le statut de réfugié. Avec un bébé à charge leur situation était urgente et obtenir un logement était absolument vital. Je me rappelle encore du directeur du CADA leur dire en anglais - "Finish place.. finish... sold out !" Après plusieurs événements similaires, mes parents ont questionné les habitants arrivés avant nous avec qui nous avions noué des affinités. Un soir au 4ème étage, où se trouvaient nos chambres, dans la cuisine commune, je les écoutais raconter à mes parents que tout n’était qu’une question d'argent. Si la demande n'est pas accordée par F.T.D.A. avant l'arrivée des demandeurs, les gens doivent faire une demande de place en exposant l'urgence de leur situation directement auprès du directeur du CADA. Au moment de l’étude de leur dossier de demande d'hébergement, le directeur avait pour habitude d’interroger les demandeurs d'asile pour savoir s’ils étaient prêts à payer une « petite participation » pour compenser le loyer. Évidemment lorsque la réponse est positive la place est accordée. La place s’accorde au plus offrant.. La question de l’urgence du dossier vient en second… Le piège se referme souvent sur ces personnes qui, une fois qu’elles ne sont plus en mesure de payer. Si tel est le cas, la demande est faite aux travailleurs sociaux de ne plus les aider dans leurs démarches administratives, ces derniers subissent une forte pression de la direction puis finissent inévitablement par perdre leur droit à l’hébergement. Entendant cela, je me souviens de mon père entrer dans une colère. Fuir un pays gangréné par la corruption pour atterrir dans un autre tout aussi véreux le mettait hors de lui. Un accueil pareil au pays des droits de l’homme, il ne l’avait pas imaginé. Cependant, nos voisins, résignés, répondaient à mon père avec véhémence : - "Mais tu sais, on ne parle pas le français nous. On n'est pas comme toi qui connaît bien ses droits et qui est reconnu comme réfugié politique. Nous on ne peut rien exiger, on ne peut pas se plaindre ou dénoncer qui que ce soit. Notre situation est bien plus précaire. Comment veux-tu veux que l'on fasse autrement ? Pour survivre on est obligé d'accepter, de se taire et d’espérer q'un jour nous pourrons avoir le statut de réfugié . En attendant, pour pouvoir payer, on vole dans les magasins et on les revend. Chacun se sort de sa situation comme il le peut." Il y a quelques années, en me promenant dans les rues de Paris, j'ai vu une grande affiche SOLD OUT sur la vitrine d'un magasin. Comme un flash, j’ai été renvoyée 13 ans en arrière. Renvoyée à ces années CADA. Et je revois devant moi le directeur qui répétait à des familles démunies - "Finish place.. finish... sold out !" Peinture à l'acrylique et feutre sur toile sur châssis. Format 90x70 cm.

SOLD OUT A notre arrivée en France en 2009, nous avons bénéficié d’un hébergement au C.A.D.A. Peu après notre arrivée, j’ai entendu des pleurs et des cris au rez-de-chaussée. Dans le hall d'entrée, une famille de 5 enfants se faisait virer du CADA du jour au lendemain. Je me souviens que l'aîné avait mon âge, 18 ans. J'imaginais me retrouver à sa place. Rien que cette pensée me terrifiait. Une autre fois, à l'accueil toujours, une famille avec un nouveau-né dans les bras était venue désespérée. Ils ne comprenaient pas pourquoi leur place d'hébergement leur avait été refusée alors qu'ils avaient obtenu le statut de réfugié. Avec un bébé à charge leur situation était urgente et obtenir un logement était absolument vital. Je me rappelle encore du directeur du CADA leur dire en anglais - "Finish place.. finish... sold out !" Après plusieurs événements similaires, mes parents ont questionné les habitants arrivés avant nous avec qui nous avions noué des affinités. Un soir au 4ème étage, où se trouvaient nos chambres, dans la cuisine commune, je les écoutais raconter à mes parents que tout n’était qu’une question d'argent. Si la demande n'est pas accordée par F.T.D.A. avant l'arrivée des demandeurs, les gens doivent faire une demande de place en exposant l'urgence de leur situation directement auprès du directeur du CADA. Au moment de l’étude de leur dossier de demande d'hébergement, le directeur avait pour habitude d’interroger les demandeurs d'asile pour savoir s’ils étaient prêts à payer une « petite participation » pour compenser le loyer. Évidemment lorsque la réponse est positive la place est accordée. La place s’accorde au plus offrant.. La question de l’urgence du dossier vient en second… Le piège se referme souvent sur ces personnes qui, une fois qu’elles ne sont plus en mesure de payer. Si tel est le cas, la demande est faite aux travailleurs sociaux de ne plus les aider dans leurs démarches administratives, ces derniers subissent une forte pression de la direction puis finissent inévitablement par perdre leur droit à l’hébergement. Entendant cela, je me souviens de mon père entrer dans une colère. Fuir un pays gangréné par la corruption pour atterrir dans un autre tout aussi véreux le mettait hors de lui. Un accueil pareil au pays des droits de l’homme, il ne l’avait pas imaginé. Cependant, nos voisins, résignés, répondaient à mon père avec véhémence : - "Mais tu sais, on ne parle pas le français nous. On n'est pas comme toi qui connaît bien ses droits et qui est reconnu comme réfugié politique. Nous on ne peut rien exiger, on ne peut pas se plaindre ou dénoncer qui que ce soit. Notre situation est bien plus précaire. Comment veux-tu veux que l'on fasse autrement ? Pour survivre on est obligé d'accepter, de se taire et d’espérer q'un jour nous pourrons avoir le statut de réfugié . En attendant, pour pouvoir payer, on vole dans les magasins et on les revend. Chacun se sort de sa situation comme il le peut." Il y a quelques années, en me promenant dans les rues de Paris, j'ai vu une grande affiche SOLD OUT sur la vitrine d'un magasin. Comme un flash, j’ai été renvoyée 13 ans en arrière. Renvoyée à ces années CADA. Et je revois devant moi le directeur qui répétait à des familles démunies - "Finish place.. finish... sold out !" Peinture à l'acrylique et feutre sur toile sur châssis. Format 90x70 cm.

Voyage. Acrylique sur toile, Format A4

Voyage. Acrylique sur toile, Format A4

Voyage. Acrylique et encre de chine sur toile. Format A4

Voyage. Acrylique et encre de chine sur toile. Format A4

Voyage. Acrylique sur toile. Format A3

Voyage. Acrylique sur toile. Format A3

Voyage. Acrylique sur toile. Format A4

Voyage. Acrylique sur toile. Format A4

Voyage. Acrylique sur toile. Format A4

Voyage. Acrylique sur toile. Format A4

Voyage. Acrylique sur toile. Format A4

Voyage. Acrylique sur toile. Format A4

Voyage. Aquarelle. Format A4

Voyage. Aquarelle. Format A4

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